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Karine Rougier - Immersion Indienne #1

4/17/2019

1 Commentaire

 
Le 6 mars 2019, Shifting Frames quittait Marseille et s'envolait avec Karine Rougier pour Kolkata.
L'immersion Indienne de Karine, projet présenté par Shifting Frames à l'Institut Français et la Ville de Marseille quelques mois auparavant se précisait donc... Workshop, exposition et conférences, un passionnant programme nous attendait entre Santiniketan et Kolkata!

12 mai 2018 - Percée dans l'atelier (et l'univers...) de Karine Rougier

Atelier de Karine Rougier
Karine Rougier - Atelier
​​En mai 2018, à l'occasion du Xième Printemps de l'Art Contemporain et de l'ouverture des Ateliers d'artistes de la Ville de Marseille, je rencontrais Karine Rougier.

Une belle rencontre par un beau samedi matin.

L'univers de Karine me poussa immédiatement à vouloir en découvrir plus.
​
De belles oeuvres (certes), mais aussi un foisonnement passionnant de sources, des références multiples à l'histoire de l'art, l'emprunt d'éléments de cultures différentes et une sensibilité au language des miniatures indiennes me fascinent déjà.

​Ses oeuvres m'apparaissent telles des énigmes poétiques. 
En dehors du temps et de notre espace.

​Karine nous plonge dans un monde qui n'est pas sans rappeler le surréalisme et la peinture métaphysique.
​

Une première discussion s'engage avec l'artiste. Intéressée par ce passé qui s'inscrit et se mêle au contemporain, ces références à l'Inde et aux miniatures, je demande à en apprendre un peu plus...

Une simple dernière petite question à l'artiste...
​

​Un atelier de miniatures traditionnelles indiennes, cela l'intéresserait-elle?

Le Oui catégorique qui s'ensuivit peut être considéré comme le point de départ de ce projet. ​

​
Photo
Karine Rougier. "The kiss" d'après Rodin. Huile sur Bois, 35x27cm. 2018

Un Travail de Préparation avec Meenakshi Sengupta

Lors de ce premier échange avec Karine, ce qui directement me vint à l'esprit fut la nécessaire rencontre entre Karine Rougier et Meenakshi Sengupta.
​
 Ces artistes bien que d'horizons très divers et éloignés ont je pense beaucoup à partager.
Meenakshi Sengupta. Kam ati bagh
Meenakshi Sengupta. Kam-ati-bagh. Gouache sur papier Wasli, 45x74cm. 2012
Toutes deux se perdent dans les méandres du passé pour livrer un travail très contemporain.
​

Meenakshi éclaire les positions des femmes à la lumière de mythes religieux, historiques, sociaux et locaux.
Elle s'appuie sur une variété de motifs empruntés aux traditions picturales indiennes et occidentales. 
​
Karine s'inspire aussi des mythes et traditions populaires, les revisite pour créer des oeuvres qui ne sont autres que le reflet de réflexions métaphysiques universelles. ​
​Même si Karine ne fait pas de la critique du patriarcat le corps de son oeuvre, la figure féminine y occupe une place primordiale.

​Les femmes se substituent aux hommes pour prendre une place que l'histoire leur a négligée, elles sont fortes, dominatrices et guerrières.
​

Des super women en action.

Photo
Karine Rougier. Dancing to restore an eclipse moon. Huile sur Bois, 27x35cm. 2018
Les 2 jeunes femmes partagent cette volonté de relire l'histoire, ont des oeuvre dont les femmes sont les muses et ont un goût commun pour la délicatesse et la finesse.
Je ne fus donc pas particulièrement surprise, lorsque, présentant le travail de chacune à l'autre, elles se montrèrent enthousiastes.

En ce qui concerne leurs techniques, Meenakshi et Karine s'inscrivent plutôt dans la lignée de leur héritage culturel.
​Meenakshi utilise la technique ancestrale des miniatures traditionnelles indiennes et Karine se consacre principalement à l'huile sur bois et au dessin au crayon.
Meenakshi Sengupta. Goli
Meenakshi Sengupta. Goli. Gouache, sérigraphie et pillule sur papier Wasli. 50x40cm. 2012
Meenakshi a repris un doctorat à l'Université Visva-Bharati.
​
Elle se penche sur la représentation du corps féminin et les relations de genre dans la création contemporaine féminine qui s'inspire des miniatures mogholes traditionnelles.  
​

Dans le cadre de ce doctorat, un workshop de miniatures traditionnelles, une exposition avec des oeuvres de miniaturistes traditionnels et d'artistes contemporains inspirés par les miniatures, et des conférences sur cette rencontre entre art et artisanat ont été organisés par Meenakshi Sengupta en collaboration avec Shifting Frames, l'Institut Français, la Ville de Marseille et l'université Visva-Bharati.
​En route donc!

En Route pour Santiniketan

Rappels Historiques pour un Lieu riche en Histoire

Santiniketan était peut-être de par sa volonté de faire revivre un passé écrasé par la culture coloniale et de par son ouverture sur l'extérieur l'endroit idéal pour ce début de projet... ​

​
C'est en 1863 que Santiniketan naît, quand Debendranath Tagore, le père de  Rabrindranath, construit un centre spirituel (Gurukul) où chacun, quelle que soit sa religion, est invité à venir se recueillir et prier.
Séduit par l'atmosphère paisible de cette campagne Bengale il l'appelle Santiniketan, the "Abode of peace".
​
En 1901, Rabindranath Tagore y commence son "école idéale".
L'idée fondatrice est une éducation sensible à la nature et s'intègrant à la vie rurale et ses besoins. Des classes en plein air sont ainsi installées; les emplois du temps respectent le rythme des saisons et le climat. 

En 1913, Tagore reçoit le prix nobel de littérature pour son recueil de poèmes Gitanjali. 
Ceci va contribuer à développer le prestige de Santiniketan et, en 1921, la petite école va se transformer en une université, Visva Bharati.
A l'origine, l'université n'est qu'une école d'art, Kala Bhavan, où professeurs et étudiants ont toujours été encouragés à effacer les frontières entre art et artisanat.
L'idée est de faire sortir l'art du studio de l'artiste et de le faire entrer au sein de l'espace social et dans la vie domestique. 
L'importance de l'artisanat dans la région interpelle encore aujourd'hui et Tagore et ses successeurs y sont pour beaucoup. Des tissus au travail du bois en passant par la poterie et le travail du cuir, l'artisanat occupe une place primordiale dans la vie des villageois.

En ce début du XXième siècle, les modernistes cherchent à se défaire de la vision toute occidentale des arts et on retrouve, au coeur du projet de Santiniketan, le développement de l'art et de la littérature en se reconnectant au passé et à l'héritage populaire. Les artistes, professeurs ou étudiants se repenchent largement sur les traditions locales et populaires et par exemple Nandalal Bose (1882-1966) et Benode Behari Mukherjee (1904-1980) s'inspirent des miniatures mogholes et redonne une vie contemporaine à une méthode ancestrale.
Sur le site de Santiniketan
Sur le site de Santiniketan
Visva-Bharati Université - Plan
Visva-Bharati Université - Plan
Santiniketan s'est toujours aussi démarqué par l'importance accordée aux autres cultures. Le contact avec d'autres cultures apporte, selon Tagore, l'innovation et il les revitalise. Tagore insiste sur l'importance de connaitre d'autres cultures sans pour autant en oublier son propre héritage. Il a lui même invité universitaires et étudiants du monde entier à venir s'installer à Santiniketan.
Santiniketan est aujourd'hui encore une Université très active. Environ 500 étudiants suivent leur cursus à Visva-Bharati. Elle a perdu son autonomie et a rejoint graduellement le système éducatif gouvernemental. L'université d'art, Kala Bhavan, est l'une des  université d'art les plus reconnues du pays.
​

​L'université est un véritable musée à ciel ouvert où les modernistes ont largement laissé leur empreinte.
Station de train Bolpur
Kanch Mandir (Glass Temple)
Ecoliers de Santiniketan
Studio de Nandalal Bose avec mural de KG Subramanyan
Kala Bhavana avec mural de KG Subramayan
Etudiants de Kala Bhavana
Kasahara - Café des étudiants
Ghanta Ghar

8 Mars 2019 - International Womens Day

Art et Artisanat - Une Exposition

Le 8 mars au matin, conférences et vernissage d'exposition sont au programme. 
Women's International Day in Santiniketan
Meenakshi Sengupta, Ohida Khandakar, Vinita Sharma, Karine Rougier à Santiniketan
L'exposition a lieu à la Nandan Art Gallery, sur le site de l'université. ​​​

​Les femmes sont à l'honneur ce "International Women's Day"...
​
​Sur les 7 artistes représentés 6 sont des femmes.
Ajay et Vinita Sharma, miniaturistes traditionnels qui vivent et travaillent à Jaipur présentent des oeuvres qui remettent en cause la conception que l'on a  du travail de l'artiste miniaturiste.

Ajay Sharma est reconnu internationalement et il parcourt le monde pour enseigner l'art des miniatures.
​Il n'a aucun parcours académique et se considère comme un artisan, un maître de la reproduction loin de la conceptualisation et des artistes dits "contemporains".

​
​Si Ajay Sharma se proclame artisan plus qu'artiste, s'il affirme qu'il ne crée pas mais copie, ses oeuvres brouillent pourtant les frontières...
​De même, la distance que Vinita Sharma met vis à vis de la tradition conforte l'idée d'une tradition non statique qui nécessairement se moule dans le contemporain.

Oeuvres de l'exposition

Meenakshi Sengupta et Gopa Trivedi utilisent la technique et les pigments naturels des miniatures. Elles font ainsi cohabiter présent et passé dans leurs toiles. 
Déguisées dans les conventions stylistiques et iconographiques de la miniature, les peintures et dessins de Meenakshi dressent des questions sociales et culturelles contemporaines. 
​Gopa trouve son inspiration dans l'apparente insignifiance de l'espace quotidien. Ses oeuvres suggèrent un silence intemporel et un espace contemplatif, caractérisé par un calme suspendu. Elles sont le reflet d'une préoccupation métaphysique profonde. Elles tentent d'apaiser les angoisses sociales et individuelles liées à la dégénérescence inéluctable. Dégénérescence d'une personne, détérioration d'un objet ou bien même déclin d'une communauté.

Karine et Tillotoma Bhowmick n'utilisent ni l'iconographie propre aux miniatures ni leurs techniques, toutefois, une sensibilité évidente aux miniatures se dégage de leurs oeuvres. 

Ohida Kandhakar, issue d'une famille musulmane de la classe moyenne, recherche les sources d'inspiration des miniatures et leur liens avec les motifs architecturaux islamiques, la calligraphie... Elle se focalise sur les femmes, les inégalités et la hiérarchie inhérente à la société indienne. 

Cette exposition soulève le débat de ce qui est tradition et contemporain, ce qui est art et artisanat, ce qui est local et international.
​Les frontières communément imposées sont explosées par ces artistes qui démontrent que les choix dichotomiques dans un monde globalisé et digitalisé ne peuvent plus être. ​​

Art et Artisanat / Tradition et Contemporain - Un Dialogue

Chaque artiste présent aura eu l'occasion de présenter son travail en insistant tout particulièrement sur la place de la miniature dans son oeuvre. 

Ajay et Vinita ont pu expliquer comment ils sont devenus miniaturistes, quel type d'apprentissage ils ont reçu et ce pour quoi ils se sentent plus artisans qu'artistes.
Photo
Ajay et Vinita Sharma
Karine Rougier présentation
Karine Rougier
Karine a dévoilé sa façon de travailler.
De la préparation de ses huiles sur bois, au choix de ses thèmes, de ses inspirations à sa collecte d'images relevant aussi bien de l'histoire de l'art que de l'imagerie populaire elle nous a livré son cheminement créatif et son attrait pour certaines références de la mythologie indienne.

​Cette série de présentations était une ébauche de réponse à certaines questions qui dépassent largement le cadre de l'art contemporain indien et qui s'inscrivent dans des problématiques soulevées par de nombreux artistes contemporains aujourd'hui.
​
Qu'est-ce qui différencie aujourd'hui l'artiste et l'artisan? Qu'apporte l'expérience à l'artisan et à l'artiste?
​Comment innover en s'inspirant du passé? Comment les artistes contemporains s'inscrivent-ils dans leur héritage culturel?
Waswo X Waswo., dont le travail n'est plus à introduire en Inde, a aussi partagé son experience collaborative avec des artistes traditionnels, et notamment avec Rajesh Soni, et R.Vijay.
​Il nous a ainsi plongé dans la collaboration entre art et artisanat. Comment des créateurs avec des langages différents peuvent-ils parvenir à produire des oeuvres ensemble? 
Photo
Waswo x Waswo & Meenakshi Sengupta
Pour la première fois une projection publique de son documentaire "Un Studio au Rajasthan", qui traite de cette collaboration a été organisée. ​

Ajay Sharma et Vinita Sharma - Workshop

Nait-on artiste ou le devient-on? Un vieux débat...
​Nait-on miniaturiste ou le devient-on? 
​

Les miniaturistes sont miniaturistes de père en fils. C'est un long apprentissage technique qui va permettre au miniaturiste de réaliser des oeuvres et c'est son experience qui va développer la qualité de son travail. L'apprenti a un maître qui tel un guru dévoilera les secrets de son art avec parcimonie. ​
Ajay a reçu l'enseignement du maître Mahendra Sharma de  Jaipur et Vinita celui d'Ajay...
Ajay and Vinita Sharma
Ajay et Vinita Sharma - Introduction
Les 3 "secrets" révélés par Ajay Sharma dès le début du workshop furent:

1- Step by Step
  • La préparation du papier Wasli
Le support papier sur lequel les miniatures traditionnelles sont réalisées est le papier Wasli, une superposition de plusieurs couches de feuilles sont collées les unes aux autres avec de la colle d'amidon.​​
  • Le Khadiya 
Le Khadiya est appliqué en fond et va permettre l'épaississement du papier et l'application des pigments.
  • Le polissage
On lisse afin d'obtenir une surface douce qui permettra une bonne adhésion des couleurs et au pinceau de glisser facilement. Le papier est alors placé à l'envers sur une surface plate (idéalement du marbre) et lustré avec une pierre dure, l'agate.
Photo
Préparation du Khadiya. Photo credit: Shreyo Sengupta
  • Le tracé ou le dessin
Sur le fond blanc uni, une première esquisse en rouge met en place les éléments principaux (architecture, personnages, costumes, chevaux...) et ne tient pas compte des détails.
​Les apprentis reproduisent à l'aide de calque et papier carbone. Quand ils ont plus d'expérience et peuvent reproduire les miniatures anciennes de mémoire, ils dessinent alors directement.​
La palette du miniaturiste
La palette du miniaturiste
Ajay Sharma - Le tracé
Tracé par Ajay Sharma
  • ​Le remplissage des couleurs
Il s'agit de définir les masses colorées sans tenir compte des détails.
​Il se fait à la gouache qui 
est obtenue en mélangeant les pigments à de l’eau amidonnée ou à de la gomme arabique diluée à chaud. Les pigments sont d’origine naturelle. 
Le noir se fabrique avec du carbone ou est d’origine métallo-gallique. Il y a deux sortes de blanc, blanc de céruse et talc. Le jaune et l’orange s’obtiennent à partir de safran, de minium, de soufre ou d’écorce de henné. 
Photo
Le remplissage des couleurs par un étudiant
Les pigments d’origine minérale sont le vert de malachite, le rare bleu de lapis-lazuli ou l’azurite. Toute la gamme des ocres et des bruns provient des terres, tandis que le rouge laque est extrait de la cochenille.
Les pigments naturels
Les pigments naturels. Crédit Photo: Sreyo Sengupta
Chaque couche sera à nouveau brunie..​​
  • Les lignes extérieures
Le contour définitif est ainsi appliqué avec de la peinture à l'eau.
  • Les ombres
Une succession de traits...très fins. Entre chaque espace on vient y ajouter un trait. Les espaces sont de plus en plus petits et l'ombre se crée... Cette technique est aussi appelée Pardaz.
  • Les détails or et argent
Les surfaces dorées et argentées sont appliquées avant les autres coloris. Or et argent liquide sont utilisés. 
  • Les bijoux​
Technique des miniatures - Le visage
Le visage et les détails. Crédit Photo: Shreyo Sengupta
  • Visages et détails
Les traits du visages ne sont réalisés qu'à ce stade. Gouache ou les pigments mélangés à l'eau peuvent être utilisées.
  • Les couleurs des bordures
  • Le polissage encore...
Il est essentiel pour faire ressortir les couleurs.
  • ​Le "Khat"
​Il s'agit de la séparation peinture/bordure.
  • Le détails des bordures ​
​​Les marges constituent un élément non négligeable des miniatures mogholes : filets de couleurs, lavis ou guirlande dorée, bordent la miniature.
  • Finalisation
Un ultime polissage au verso qui confère aux couleurs un éclat quasi émaillé...
Photo
Le brunissage

Le Step by Step de Karine Rougier en images

Les lignes d'écriture
L'application de la base
Le tracé
Le remplissage des couleurs
Les contours
Les détails
Les finitions avec Vinita Sharma
La miniature de Karine Rougier
2- Don't Jump
​

Patience est le maître mot. Un enchaînement des procédés qui tous demandent une grande patience. Un processus long, calme, répétitif, où la dévotion à la tâche se doit d'être entière.
Le calme, la douceur et la patience de Ajay et Vinita Sharma peuvent laisser penser que les miniatures inculquent une véritable hygiène de vie où il est nécessaire de parvenir à se détacher d'un monde (tout au moins quand on pratique) qui court en permanence, un monde où le résultat immédiat est une notion inconnue.
La notion même d'experience prend ici tout son sens. Les apprentis se doivent de s'entrainer à dessiner lignes, cercles... "Soft, Sharp & Light".
Ce qui est demandé est la justesse des traits et du processus. D'après Ajay Sharma, la qualité viendra avec l'expérience seulement. 
Patience et méthodologie, un savoir faire technique, est ce pour cela que la miniature relève plus de l'artisanat que de l'art?​​
3- Don't Fix
Un petit exemple...
​​Une petite démonstration par Ajay Sharma... ou comment reprendre des éléments dont on n'est pas réellement  satisfait....

Ce voyage ne s'arrête pas ici, un séjour à Kolkata pour finaliser cette escapade indienne.

​A suivre donc...
et encore un GRAND merci à l'Institut Français, la Ville de Marseille et Visva-Bharati pour nous avoir supportés dans cette belle aventure!
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Kochi La Merveilleuse

3/1/2017

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Cette année voyait la 3ième édition de la biennale de Kochi.
​Kochi - merveilleuse petite ville (de tout de même 2 millions d'habitants) située sur la côte ouest tout au sud de l'Inde...
​Petit aperçu...

Kerala -God's Own Country

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Kerala office du tourisme logo
Logo du département du tourisme du Kérala


​L'Etat du Kerala est toujours considéré comme un état à part en Inde.
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C'est sans doute l'Etat indien qui offre la vitrine la plus optimiste - Le taux de croissance démographique y est le plus bas du pays (3.5%), l'indice de développent humain le plus élevé, le taux d'alphabétisation (et celui des femmes notamment) le plus important (94%), l'espérance de vie à la naissance la plus longue (77 ans / 67 ans en moyenne pour l'ensemble du pays) et le ratio femme / homme le plus grand.
Jeunes écolières Keralaises
Jeunes écolières Kéralaises
​Au-delà de ces chiffres, le Kerala a une nature dont la beauté ne peut laisser indifférente, un peuple chaleureux et souriant.
​

​Enfin bref, le Kerala est un petit coin de paradis.
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La vie paisible des backwaters
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Sur les hauteurs de Munnar
C'est un des derniers bastions marxistes de l'Inde. 
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Affiches du CPI(M)
Les Keralais sont très impliqués dans la vie politique. 
Leur participation aux élections est bien plus importante que dans le reste du pays. 
En 1957, un pouvoir communiste a été élu démocratiquement...

​C'est politiquement l'un des états les plus stables de l'Inde. Le parti communiste (CPI (M) = Communist Party of India) alterne régulièrement avec le parti centriste du Congrès.
​
​Depuis mai 2016, ce sont les communistes qui sont au pouvoir.
Le Kérala est depuis les temps les plus anciens une terre d'échange. Grecs et romains y faisaient déjà du commerce.
​Le petit état se trouvait alors à la convergence des mondes occidental et extrême-oriental.
Au début du Moyen Age, les marchands perses et arabes se substituent aux gréco-romains. Les épices s’échangent alors contre du riz, du sucre, des perles, des pierres précieuses...

​Les Portugais débarquent sur les côtes kéralaises en 1498 et y installent des comptoirs.
Leur prospérité attire les Hollandais au début du XVIIe, puis les Anglais.
​
En 1664, Colbert fonde une Compagnie des Indes Orientales, avec le comptoir de Mahé, sur la côte de Malabar, comme base.
​
​Les Anglais prennent le contrôle du Kérala à la fin du XVIIIe siècle et obtiennent le monopole du commerce des épices.
​
La population se révolte et revendique l’indépendance.
Elle interviendra en 1947. 

Aujourd'hui encore, le Kerala est un berceau religieux et culturel.

Le recensement de 2011 indique que la population est pour 55% de confession hindouiste, 27% musulmane et 18% chrétienne.
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Kochi- Queen of the arabian sea

Cochin, est un creuset de civilisations au coeur duquel vibrent des traditions parmi les plus anciennes du monde. Elle a toujours été le centre du commerce des épices en Inde.

La ville fut toujours très cosmopolite. Les premiers chrétiens, les chinois et les juifs fuyant les persécutions y débarquèrent puis les arabes et les européens dès le Moyen-âge.
Vasco de Gama y posera le pied en 1498. Et en 1503, la ville devient la première colonie européenne de l'Inde coloniale. 

Riche de son passé historique et bâtie sur un groupe d’îles et un étroit cordon littoral lagunaire, la ville de Cochin est composée de trois parties principales :
  • Les parties anciennes de Fort Cochin et de Mattancherry. Elles composent un décor insolite, mêlant Portugal médiéval, Hollande et compagnie anglaise, avec, en toile de fond, la côte tropicale de Malabar. ​On peut distinguer des influences européennes dans les églises et les forts construits par les Portugais au XVIe siècle, et la marque des premiers marchands chinois dans les surprenants filets de pêche le long du rivage.​​
Eglise de Kochi
Eglise à Kochi
Rue de Fort kochi
Rues de Fort Kochi
Bazar Road à Cochin
La célèbre Bazar Road
Les carrelets chinois à Kochi
Les carrelets chinois

  • L'île artificielle de Willingdon a été construite dans les années 1920 avec les produits du dragage de la baie. Cochin est en effet l’un des plus grands ports de l’Inde et a une base navale très importante. Ainsi, au large de Fort Cochin, les immenses cargos qui attendent de venir s’amarrer le long des docks de l’île de Willington se profilent.
  • Ernakulam est la partie de la ville sur la terre ferme. C'est une ville indienne moderne en pleine expansion qui connait les défis de l'urbanisation démesurée... 

Kochi - Richesse Historique

Fort Kochi est là où se concentrent les richesses historiques de la ville.
Le palais de Mattancherry fut édifié par les Portugais en 1555.
Il fut offert à Veera Kerala Varma (1537-1561), raja de Cochin, par les Portugais en signe de bienveillance (et pour bénéficier de privilèges commerciaux...). Le nom de « palais hollandais » lui fut donné à la suite des rénovations effectuées par les Hollandais (après 1663) qui en firent le palais du gouverneur.
​Il est ensuite rendu au raja qui le fera décorer de magnifiques peintures murales, admirablement conservées, représentant des scènes du Ramayana. L’édifice quadrangulaire de deux étages est construit autour d’une cour abritant un Temple hindou. 
​

​On trouve aussi à Fort Cochin, au coeur du quartier juif de la ville, la vieille synagogue Pardesi datant de 1568 et agrandie en 1760.
​
Elle est la plus ancienne synagogue mondiale encore en activité. 
Son origine remonterait à l'implantation d'une communauté juive, débarquée au Kerala au début de notre ère, peu après la destruction du temple de Jérusalem.
​
​Elle fut détruite par les Portugais en 1662, et restaurée deux ans plus tard par les Hollandais devenus maîtres de la ville.
Au XVIIIe siècle, le marchand Ezekial Rahabi fit poser au sol de magnifiques carreaux de faïence bleue peints à la main à Canton, en Chine.
​On lui doit également l’édification du clocher qui surmonte l’édifice.
​
​Appelé Jewtown, le quartier de la synagogue est l’un des centres du commerce des épices à Cochin. 
Entrepot Epices Kochi
Entrepôt d'épices - Jew town
L’église Saint Francis de Fort Cochin fut édifiée, en 1503 ( c'est la plus ancienne du pays), par des moines franciscains qui accompagnaient l’expédition conduite par Pedro Alvarez Cabral.
En bois à l’origine, l’église fut reconstruite en pierre vers le milieu du XVIe siècle.
En 1663, les Hollandais conquirent la ville et, en 1779, restaurèrent l’église.
​
C'est en partant à la recherche de l'«or noir», le poivre, que Vasco de Gama est devenu la première personne à rejoindre l'Inde en naviguant autour de l'Afrique en 1498. Mort à Cochin en 1524, il fut inhumé dans l’église pendant 14 ans, avant que sa dépouille ne soit ramenée au Portugal. Son tombeau y est encore visible. 

​Les carrelets chinois sont un vestige probable de l'expédition chinoise de Zheng He, qui passe par le Kerala avant l'arrivée des Européens.

Ce sont de étonnants filets d'environ 10 mètres de haut fixés au sol et qui sont surtout utilisés à marée haute. Ils requièrent au moins quatre hommes pour manœuvrer leur système de contrepoids. S'approcher au plus près du système compliqué de poulies et de balanciers des filets est une des grandes attractions touristiques de Cochin. 

Kochi -Un lieu pour une biennale

Kochi en 2012 n'était pas encore reconnue comme un des centres de l'art contemporain indien.
Affiche First Biennale Kochi
India First Biennale. It's my Biennale. Affiche rue de Fort Kochi

​Si Kochi a toujours accueillie de nombreux festivals culturels, les arts visuels y avaient jusqu'alors été bien peu représentés.
​L'une des particularités de la Biennale de Kochi est sans doute la véritable interaction des oeuvres avec leur 
environnement.
​Non seulement avec le site de la ville de Cochin mais aussi avec sa population. 
​L'art contemporain se fond dans la riche histoire de la ville.
Les oeuvres s'invitent dans un passé marqué par l'ouverture sur le monde, le mélange des cultures et le partage des connaissances. Entrepôts abandonnés, cafés, bâtiments coloniaux, cafés et lieux publics deviennent lieux d'exposition.
Lieux exposition biennale de Kochi
Plan de Cochin - Lieux d'exposition de la biennale ©KMB
Aspinwall
Aspinwall house est la principale venue.
Aspinwall était la propriété de l'Aspinwall and company ltd, établie par l'anglais John H.Aspinwall en 1867.
Cette entreprise était investit dans le commerce d'huile de noix de coco, de poivre, gingembre et autres épices.
​​
Aspinwall House
Aspinwall House
Cabral Yard
Cabral Yard est un site où la nature a littéralement recolonisé un espace occupé (il fut un temps...) par l'activité humaine. ​
Pepper House 
Ce large building avec ses toits d'argile dans le style purement hollandais est composé de deux parties séparées par une grande cour où les denrées étaient stockées avant leur chargement dans les bateaux. ​
Pepper House Kochi
Pepper House
David Hall
Dans les années 1680, la "Dutch East India Company" aurait construit, en récupérant les matériaux issus de la démolition des églises, 3 maisons. David Hall est le vestige de ces constructions.
David Hall
David Hall
Kashi Art Gallery​
Dans une ancienne batisse portugaise sur Napier Street Kashi Art Café est un lieu de rencontre en plein coeur de Kochi. Etablie en 1997, la galerie est un centre incontournable de la scène contemporaine des arts visuels de la ville.
Kashi Art Gallery
Kashi Art Gallery
Anand Warehouse
Un des nombreux entrepôts de bazar road...
Anand Warehouse
Anand Warehouse
Durbar Hall
Situé au coeur d'Ernakulam, non loin de la station de train, Durbar Hall a été construit dans les années 1850 par le Maharaja de Kochin afin d'y loger la cour royale. ​
TKM Warehouse 
La TKM Warehouse est située à Kochangady.
MAP Warehouse 
Un ancien entrepôt utilisé dès l'époque hollandaise pour le stockage des épices.
Prochain épisode...la Biennale de Kochi!
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India Art Fair 2017

2/13/2017

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La India Art Fair, la foire d'art contemporain de Delhi est l'occasion chaque année de trouver dans la capitale indienne un grand nombre d'événements artistiques. 
​La semaine de l'India Art Fair est en effet un parcours aux 4 coins de la ville.

IAF 2017 - Présentation 

Les galeries participantes se retrouvent à Govindpuri, au sud de la capitale, au coeur d'une jungle urbaine où les grues et les nouvelles constructions n'en finissent pas de pousser.
Photo
Govindpuri - Vue du métro
Sur les 55 galeries présentes cette année, 25 sont de Delhi et une dizaine sont des galeries étrangères (Galeries de Dubai, France, Espagne, Grèce, Singapour, Etats-unis...).

Un nombre impressionnant  de galeries représente les artistes modernes indiens.
​
Une grande marche dans l'histoire de l'art indien.
Déambulations parmi les oeuvres de MF Husain, SH Raza, Tyeb Metha, Jamini Roy, Vasudeo S Gaitonde...parmi les chefs-d'oeuvres de ces maîtres, qui depuis quelques années déjà, font le bonheur des maisons de vente aux enchères.


Depuis 2008 et l'"effondrement" du marché de l'art les galeries indiennes sont timides et choisissent les valeurs sûres...
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Entrée Art Fair
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Source: The South Asian Art Market Report 2017. Art Tactic.
Mises à part Aicon Gallery, Grosvenor Gallery, Art Lounge Gallery les quelques galeries internationales représentent des artistes étrangers.
Une occasion pour le public Indien de découvrir la production contemporaine étrangère dans un pays où les expositions d'artistes étrangers, notamment occidentaux, sont rarissimes.

Un accent particulier a été mis cette année encore sur la présentation d'artistes de la région, notamment avec l'initiative Platform qui regroupe:
- des galeries (Blueprint 12 from Delhi)
- des collectifs d'artistes (Theertha International Artists’ Collective from Colombo / Britto Arts Trust from Dhaka)
​- et des institutions (Nepal Art Council from Kathmandu) d'Asie du Sud.

Après discussion avec quelques galeristes, je comprends la grande absence des artistes pakistanais.
Les tensions récentes aux Kashmir ont, une fois supplémentaire, renforcé un repli de l'Inde qui rend très difficile l'import même temporaire d'oeuvres et la venue d'artistes du pays voisin.
Le "speaker's forum" voit défiler les grandes personnalités du monde de l'art contemporain.
Speaker's forum India Art Fair 2017
Le "Speaker's forum". India Art Fair 2017
​L'art de collectionner, l'art à l'ère digitale, l'avenir artistique de la région Asie du sud, le modèle de la galerie dans une époque de changements...
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Autant de sujets abordés par collectionneurs (Isabelle et Jean Conrad Lemaitre, Frédéric de Goldsmith) , directeurs de musées ( Manuel Rabate / Louvre Abu Dhabi; Richard Amstrong / Guggenheim) , directeurs de galeries (Shireen Gandhi / Chemould Prescoat Road Gallery; Priyanka Raja / Experimenter; Hena Kapadia / Tarq Gallery) et directeurs de diversions organisations (Alessio Antoniolli / Triangle Network; Pooja Sood / Khôj).

IAF 2017 - Shifting Frames a aimé...

Les artistes émergents:
  • ​​Sumakshi Singh @ Exhibit 320
Il y a un an tout juste, au moment de l'India Art Fair 2016, la galerie d'art contemporain indien Exhibit 32o présentait une magnifique exposition, un solo show de la jeune Sumakshi Singh.
Cette année, le stand de Exhibit 320 à la India Art Fair lui était tout réservé. 
​Son travail poétique et délicat est un pure hymne à la contemplation et il n'est donc pas surprenant que la galerie lui offre une si importante place dans sa programmation...
Sumakshi Sing - India Art Fair 2017
Sumakshi Singh. 2016. Dentelle
  • Vishwa Schroff @ Tarq 

Vishwa Schroff avait, jusqu'à début janvier, son 5ième solo show à Bombay, dans la nouvelle galerie (ouverte en 2014), Tarq, qui a élu domicile à quelques mètres de Gateway of India en plein coeur de Colaba.
Le travail de Vishwa est à l'intersection entre Art & Architecture.
Ses dessins d'une très grande finesse permettent une profonde exploration de l'espace.
Photo
Vishwa Shroff. Aquarelle et encre sur papier. 2016
Vue de l'exposition Vishra Shroff à Tarq art gallery
Vishwa Schroff - Exposition à Tarq

  • Neerja Kothari @ Shrine Empire

Shifting Frames avait beaucoup apprécié l'an passé  "An investigation of a lyrical movement by the self" exposé à la India Art Fair 2016.
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Neerja poursuit son investigation de l'absurde et sa tentative de "quantification d'une inquantifiable expérience".
La découverte de 11 de ses nouveaux dessins aux crayons de couleur et encre sur papier n'a pas déçu cette année encore...
Les artistes "confirmés"​
  • NS Harsha @ Chemould 

Nerja Kothari - Untitled
Untitled (Holding on to elements in blue) - Détail. Crayon de couleur & encre sur papier. 2016 ©Neerja Kothari
Photo
Gopa Trivedi devant le travail de NS Harsha

​Le maître de la miniature contemporaine Indienne NS Harsha avait ses oeuvres exposées cette année à la très reconnue  galerie de Bombay Chemould Prescott Road ainsi qu'à la galerie Vadhera.

J'ai eu l'occasion de retrouver sur place la jeune Gopa Trivedi dont le travail est lui aussi bien ancré dans la pratique de la miniature.

​D'où cette superbe photo pour la postérité:
​ "la jeune artiste émergente devant le tableau du maître..."
  • Waswo x Waswo & R. Vijay @ Gallery Espace & Waswo x Waswo & R. Soni @ Tasveer

Le photographe américain installé depuis de très nombreuses années en Inde, n'a plus besoin d'être introduit tant ses oeuvres font partie de la scène de l'art contemporain.

A la galerie Espace, des oeuvres collaboratives avec le miniaturiste R. Vijay sont présentées et ce sont ses photographies peintes à la main par Rajesh Soni qui sont à la galerie Tasveer pour l'exposition Photowallah .
Avec cette exposition, Waswo x Waswo nous offre une critique de la vie contemporaine et ses photos sont un hommage aux portraits traditionnels réalisés par les studios photo du 19ième et du 20ième siècle. 

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The Mochi-wallah. 2008
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The Dreamer with Stone. 2013
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A Shopkeeper. 2008
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Gauri Dancers 3. 2013

  • Olivia Fraser @ Grosvenor Gallery
Utilisant les pigments naturels, la feuille d'or et le papier Wasli fabriqué à la main, Olivia Fraser reproduit la technique ancienne propre à la miniature  indienne et donne à ses oeuvres une dimension contemporaine.
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Kalachakra. Pigment et gomme arabique sur papier Sanganer. 2016. 27.9cm x 27.9cm (x3)

​La miniature devient un langage avec lequel elle communique.

Elle nous plonge dans un état méditatif avec un travail qui reste très ancré dans la spiritualité indienne.
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Olivia Fraser. Pigment et gomme arabique sur papier Sanganer. 2016 91.4cm x 91.4cm

Shifting frames a particulièrement apprécié les projets de:​
  • Mithu Sen (soutenu par Nature Morte)
  • Anila Quayyum Agha (soutenu par Aicon Gallery)
Anila Quayyum Agha India Art Fair 2017
Anila Quayyum Agha. All the Flowers Are For Me - RED. Laser cut stainless steel & bulb. 2016
Mithu Sen India Art Fair 2017
Mithu Sen. Phantom Pain. Dental polymer and artificial teeth, paint, glue, objects. 2017

Parmi les événements dits "collatéraux", je retiendrai tout particulièrement #Intersect, organisé par la dynamique Devi art foundation (fondée par Lekha & Anupam Poddar) et le Gati Dance Forum.
#Intersect est une rencontre entre de jeunes artistes visuels et des danseurs. Le corps est ainsi projeté au coeur de performances visuelles.
Les oeuvres du super talentueux Kartik Sood et une performance orchestrée par le chorégraphe Surjit Nomgmeikapam "the Big Dream' nous plongent dans un univers onirique et contemplatif merveilleux.
​

Une performance de 30 minutes que l'on se lasserait pas de revoir et revoir...
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Des projets collateraux intéressants, une ouverture certaine sur l'international et notamment l'Asie du Sud, la présence de grands acteurs internationaux du monde de l'art, et un marché toujours dominé par l'art moderne sont sans doute les éléments importants à retenir de cette édition India Art Fair 2017.
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Know your air

2/2/2017

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Philips - Purificateur d'air

Sur le chemin de Delhi

Delhi, et ses 16? 18? 20? millions d'habitants.
Comme chaque année à cette période, Delhi sera sans doute sec et froid. 
Vol retardé.
​Brouillard épais par là-haut. 
Dans le plateau repas gracieusement servi par la compagnie aérienne, une publicité pour les purificateurs d'air.
​
​Peu de doutes, je retrouverai là-bas cette pollution de Delhi qui étouffe littéralement la ville, qui pique la gorge et ne laisse pas beaucoup de place à l'envol.  
Pèlerinage annuel vers cette ville où le regard des hommes se fait plus dur, où le froid "glacial" (standards indiens...) de l'hiver alterne avec des températures insoutenables avant et après la mousson, où les blocs d’immeubles et centres commerciaux sont sortis de terre à une vitesse incroyable. 
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Gopa Trivedi - Work in progress...
Delhi, la ville qui s'étend à l'infini... 
​La ville où les riches vivent retranchés derrière les murs de complexes résidentiels, protégés par des gardes et des murailles hérissées de fils barbelés.

Hostile delhi

Je ne l'ai jamais bien comprise cette ville...
Si vaste, avec ses no mans land qui séparent les colonies et si angoissante quand plongée dans l'obscurité.

Une ville qui a sans doute beaucoup à offrir mais dont l'urbanisation anarchique ne laisse que très peu de place à l'exploration et la découverte.

Il ne fait pas bon y flâner. ​​
C'est une ville où l'on prend sa voiture pour tout trajet et où les femmes ne se promènent pas seules dès la tombée du jour, ne montent pas dans un taxi qu'elles ne connaissent pas. 

Ce dernier aspect de la ville a largement, depuis quelques années, été relayé par 
les médias indiens et occidentaux. 
La tragédie de 
Nirbhaya a mis en lumière une terrifiante réalité, le quotidien des femmes qui vivent, voyagent et travaillent dans la capitale. Un ressenti que toute femme qui évolue dans la capitale partage depuis bien longtemps...

Delhi - capitale indienne du commerce de l'art

De nombreux passages dans la capitale m'auront été nécessaires pour pouvoir (finalement) apprécier la richesse culturelle de Delhi.
En effet, si Delhi n'est pas une ville facile, Delhi est aussi une ville de grandes richesses.

​Institutions privées, musées (KNMA), et galeries sont plus présents ici que sur le reste du territoire. 40% des galeries commerciales de l'Inde se trouvent à Delhi.

Ce n'est sans doute pas pour rien que la foire "India Art Fair" s'y est installée en 2008.

De 6000 visiteurs à plus de 80 000 en 2016, l'India Art Fair a su devenir une plate-forme leader de cette région du monde pour l’art moderne et contemporain.

Neha Kirpal, jeune femme motivée et déterminée a sans doute largement contribué, en créant la India Art Fair il y a un peu plus de 10 ans, à la reconnaissance de l'art moderne et contemporain indien sur la scène internationale. Delhi est devenu une destination incontournable de la scène artistique et culturelle sud-asiatique.

Dans un pays où aucune institution publique ne présente régulièrement d’expositions en art contemporain, la Foire s'est imposée tel le premier grand rendez-vous. 
Elle a littéralement construit un marché et, selon Neha Kirpal, directrice de L'India Art Fair, la foire joue un rôle “d’éducation artistique” vis à vis du grand public là où les autorités publiques sont totalement absentes.

Une ouverture vers les artistes étrangers, la présence de collectionneurs étrangers et de musées étrangers, ont été les premiers signes de maturation de la Foire.

Aujourd'hui, les collectionneurs viennent du monde entier, les musées internationaux y sont représentés et le MCH Group, organisateur de foires internationales de premier plan (Art Basel Miami / Basel / Hong Kong) a très récemment pris une participation dans India Art Fair, bien décidé à occuper ce nouveau segment du marché de l'art international...

Cette brève introduction avant de vous plonger dans la India Art Fair 2017...


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"Ton devoir réel est de sauver ton rêve". Amedeo Modigliani.

1/7/2017

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Alice. Amédéo Modigliani
Amédéo Modigliani. Alice. 1918.

Art - Premiers contacts

Cette phrase résonne en moi depuis ma plus tendre enfance.

Comme de nombreux gamins en France, mon premier contact avec le monde de l'art s'est fait sur les bancs de l'école. 
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Je me suis trouvée très vite une adoration pour Amédéo Modigliani. Aujourd'hui encore, il occupe mes étagères de bibliothèques, orne mes murs et me fait parcourir des kilomètres  pour une exposition de dix dessins. 
​

Il m'aura fallu cependant beaucoup d'années et un chemin quelque peu sinueux pour tenter de suivre ses paroles. ​​

De l' Art et du Voyage

Bonne enfant de bonne famille, j'ai choisi une voie qui ne pouvait que me mener vers un emploi stable, m'assurant de quoi vivre et même peut-être utile. 
Je revenais d'un grand voyage à Madagascar, la tête dans les nuages.
Ma mère me saute dessus: "Oh ma fille tu vas accepter ta place en dentaire. Ce sera bien tu verras! Tu travailleras 2-3 jours par semaine et tu t'occuperas de tes tableaux le reste du temps..."

Les mères doivent avoir ce quatorzième sens que je ne suis pas encore à même d'entrevoir, sentir ou définir. 
Quoi qu'il en soit, elle a vu juste plus de 15 ans avant moi.
Quinze ans où j'ai usé mon pantalon sur les bancs de l'Ecole du Louvre, sur ceux des Beaux-Arts de la ville de Paris, et plus tard sur ceux des associations et institutions de Bombay. 
Quinze ans où j'ai poursuivi ma formation au grès des cours du soir, et de mes visites...

Un premier voyage au Rajasthan en 2000 et ma vie de jeune étudiante (et plus tard de jeune femme active) s'est retrouvée rythmée par des allers-retours pour l'Inde. La vallée du Gange, l'Orissa, le Kerala, Tamil Nadu, la découverte des Himalayas...
​Une "incredible India" qui, petit à petit, se dévoile tout en demeurant des plus mystérieuses et intrigantes.     

2010 - Annee des changements...

Mumbai Art Map
Mumbai. Fort et Colaba et leurs galeries d'art. 2010.

​2010 - une arrivée dans la mégalopole qu'est Bombay, sans emploi, mais heureuse ainsi.
Pour une première fois dans ma vie de jeune adulte, je compte me donner un peu de temps pour décider de ce que je vais faire par ici.

En attendant et pour commencer, une carte de la ville, un stylo et le repérage de toutes les galeries d'art contemporain de Bombay.

Mais l'Inde m'aura largement appris que, contrairement à ce qu'il me semblait être une évidence jusqu'alors, la vie n'est pas toujours ce que l'on en attend (leçon #1). 

​Il ne m'aura fallu que 5 petits jours pour rejoindre ce qui sera ma première expérience entrepreunariale en Inde.
​Une semaine après mon arrivée, je prends quotidiennement le chemin d'un bureau au nord de la ville. De Bandra West à Andheri West en rickshaw, je reste dans cette banlieue de Bombay qui au fur et à mesure que la ville grandit en devient le centre... 
​Je m'éloigne chaque matin du coeur historique et artistique de la ville. 
​Première expérience qui débute donc bien loin des galeries de l'extrémité sud de la péninsule.

Mumbai - Decouverte

Malgré tout, ces premières années à Bombay me font largement découvrir & explorer ce monde de l'art contemporain. 

Arrive la première "lecture" du soir.
"Understand & evaluating indian contemporary art" au NCPA.
Girish Shahane, Ranjit Hoskote, Jitish Kallat...
Voici ceux qui me feront prendre mon premier contact avec l'art dans la mégalopole.
Eux, que je recroiserai bien souvent par la suite...

Puis, les premiers vernissages, les premiers "Art Night Thursday", les premières visites aux galeristes, la première biennale de Kochi, les n-ièmes cours d'histoire de l'art. 
Indian contemporary art - understanding & evaluating
Ce petit monde me devient doucement familier. Je prends mes marques et finis par retrouver les escaliers de ces galeries d'art cachées dans les étages des vieux charmants buildings de Fort et Colaba.
Picture
Immeuble de Colaba. ©Patricia Amor.

​Mes premiers cours du soir à Jnanapravaha (dont jamais au grand jamais je ne parviendrai à prononcer le nom...) s'avèrent difficiles.
Mon anglais n'est pas glorieux et si Foucault n'est déjà pas nécessairement facile à suivre en Français, disserter sur ses écrits en anglais ne s'avère pas coton.
​
Les cours ont lieu juste à coté de la "grande" galerie Chemould qui ne représente que des artistes confirmés et la plupart des artistes contemporains Indiens présents sur la scène internationale.
C'est aussi dans ce vieil immeuble de Fort que l'on pouvait trouver la galerie BMB (qui bien malheureusement fermera ses portes en 2012..). Galerie où j'aurai ma première expérience vernissage un vendredi 22 avril 2011; Miniscule Marvel, une superbe exposition de 30 sculptures "petit format", de Chintan Upadhyay à Mithu Sen en passant par Ved Gupta.
Je ne savais pas encore que la cinquantaine de personnes s'étant déplacées pour l'occasion allait constituer la majeure partie des visages que je verrai à tous les "openings" et conférences artistiques de Mumbai...

​J'apprécie tout d'abord ce qui frappera quiconque débutant une activité ici. La proximité... les grands noms de l'art indien sont accessibles. Vous les retrouverez aux openings, à vos cours et même aux soirées branchées. Atul & Anju Dodiya, Jitish Kalat, Sudhir Patwardan, Nancy Adjania, Ranjit Hoskote transmettent ainsi leur oeuvres, et connaissances...


Si mes journées sont bien prises par ma vie de jeune entrepreneur, mes soirées vont à ces cours du soir et à la découverte des jeunes artistes émergents de la scène contemporaine.

premier pas

Puis un premier grand pas.
Nous nous sommes accordés un bonus pour notre dur labeur dans notre start-up qui se débat.
Par une journée humide du mois d'août, je m'octroie une pause déjeuner un peu plus longue que d'habitude, et descends en train d'Andheri à Colaba.

Papillons dans l'estomac.
Arrivée à destination, dans la moiteur et la chaleur de la mousson.
​
Je ne pourrai jamais oublier cette première fois où j'avais rendez-vous avec Abhay Mascara dans sa magnifique galerie de la 3rd lane pasta.

​Flavor Chart. Meenakshi Sengupta. Premier solo show. Une semaine avant, j'étais passée voir l'exposition.

J'avais déjà repèré le travail de Meenaskhi sur la toile; sur le site best college of art, où l'on trouve de tout. Du Ganesh "ethnique" rutilant aux oeuvres de très doués jeunes artistes qui y laissent trainer leurs tableaux avant d'être rattrapés par un galeriste.
Meenakshi Sengupta. Oeuvres de l'exposition "Flavor Chart".

​De cette visite, je ne peux que me rappeler cette surprise qui tout de suite me fait penser que la jeune fille a un long avenir de grande artiste devant elle.


Comment une jeune fille de 25 ans dans l'Inde actuelle, avec son poids des traditions, avec la place qu'elle réserve aux femmes parvient-elle à s'exprimer ainsi?
​Un pénis géant lumineux, des moustaches pour orner des pubis, un magnum pour illustrer le désir masculin et les catégories du porno...
Humour et intelligence d'une jeune femme dont l'oeuvre traduit la schizophrénie de l'Inde.
Un mélange de modernité et de tradition, qui, je ne suis pas certaine coexistent de façon aussi forte ailleurs dans le monde.
​ 
​Un tour de l'exposition qui se termine ce jour avec Abhay, je lui reconfirme mon choix déjà exprimé par email, un acompte. Done.


Je remonte vers le nord de la ville. Mon partenaire me demande pourquoi j'ai l'air aussi étrange et souris ainsi.
Ai-je retrouvé un amant pour la pause déjeuner?

Ok c'est bon.
Je comprends.
J'aime l'art parce qu'il me peut me procurer ce genre de sensations, parce qu'il me fait sourire niaisement. 


Un jour il faudra donc que je m'y consacre un peu plus...

Collectionner voici ce dont j'avais besoin pour commencer à sortir de ma passivité.

​Post modernisme, reproduction mécanique, art conceptuel je vous aime et aime entendre parler de vous mais vous ne me suffisez plus...
Collectionner est un premier pas mais l'aventure 
sera longue. Je l'ai compris.

Beaucoup de moi dans ces quelques lignes.
J'éprouvais le besoin de livrer ces détails qui sont le parcours de ma vie avant de partager avec vous mon amour, ma passion pour l'art, mes connaissances et découvertes de l'art contemporain de cette partie du monde...


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    Author

    Justine Grandchamp - Passionnée d'art, voyageuse insatiable - Directrice Shifting Frames

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